Fin de la lutte fratricide au sein de la Famille Royale

 

Les restes du Roi Mwambutsa IV ne seront pas rapatriés à Bujumbura ! Cette nouvelle réjouit et déplait en même temps les protagonistes dans cette affaire. Pourtant dans ce duel fratricide, les seuls gagnants sont les tenants de la disparition de la Famille Royale et des Baganwa en général.

 

La décision de la Suisse de ne pas autoriser ce rapatriement clos – en tout cas pour le moment - ce drame regrettable qui se joue au sein de la Famille Royale directe depuis des mois. Plutôt que de se murer chacun dans son coin, la décision suisse offre l’occasion aux protagonistes d’apprendre que la Famille Royale de devrait JAMAIS laver son linge sale sur la place publique. Cet épisode a fait très mal : elle ne devrait jamais se répéter. C’est aussi, évidemment, l’occasion de panser les plaies, d’aplanir les anglais et d’amorcer un véritable rapprochement dans l’intérêt de tous. Selon ce nous avons appris, certaines personnes d’une intégrité morale hors de tout doute se seraient données la mission de rapprocher nos deux Princesses.

 

La communauté Ganwa devrait elle-aussi tirer une leçon. De cette lutte, c’est elle qui en sort amochée. Son inaction et son silence qui frisent l’indifférence alors que, paradoxalement, la « Question Royale » - comme l’écrivait récemment M. Jean-Marie Ngendahayo  - n’a jamais été aussi présente dans les médias burundais, est inacceptable. Où sont les Baganwa, surtout leurs intellectuels ? Où se terre ISHAKA, l’association jadis représentative de cette communauté ? Que nos deux Princesses se crêpent le chignon sur la place publique sans que personne n’intervienne non pas pour attiser mais pour calmer et rapprocher les esprits, c’est absolument ahurissant. Serait-ce un indice du «dédéïsme » qui affecte cette communauté ? Je ne crois pas : monsieur Jean-Marie Ngendahayo, DD de première heure, fait souvent des clins d’œil extrêmement intéressants mais que personne ne semble voir.  À mon avis, c’est tout simplement du laxisme à la burundaise, de la paresse intellectuelle, de l’attentisme héritée de Buyoya et du « ntacoïsme » selon Rugero.

 

Certes, je reconnais que mes propos sont durs envers les Ganwa. En effet, à leur décharge, je dois rappeler qu’ils ont trop souffert après l’avènement de la république. Insultés, hués, ridiculisés, humiliés, les Baganwa ont vécu les pires années de 1966 à 1972. D’aucuns ne savent pas que n’eût-été les « événements » de 1972, les Baganwas allaient passer dans le tordeur de Micombero et sa clique. Ils étaient bel bien dans leur collimateur. Ainsi donc, depuis ces années, ils ont bien fait de fondre dans la masse pour éviter le pire. Les pouvoirs tutsis – aidés en cela par la thèse de Mworoha, heureusement corrigée récemment pas nul autre que Jean-Pierre Chrétien – les désignaient comme des hutus pour mieux les exclure. Les hutus les prenaient pour des tutsis pour bien les passer à la machette. Voilà le drame des dernières décennies qui peut expliquer la peur de cette communauté à prendre la parole et à s’affirmer ouvertement au nez de leurs compatriotes hutus/tutsis.

 

Maintenant la tournure des événements donne à cette Communauté l’occasion de relancer ses revendications les plus légitimes.

 

La question la plus importante pour les Baganwa reste la reconnaissance de leur identité. La prétention des politiciens Bahutus et des Batutsis de les exclure comme composante nationale est une félonie inqualifiable et injuste pour eux.  Jamais les Baganwa ne devraient se résigner à l’accepter sans trahir leurs ancêtres et sans hypothéquer l’avenir de leurs descendants.

 

Entre temps, il y  une question urgente à régler. Il n’est pas normal que la dépouille du Roi Ntare V repose encore dans la brousse comme un vulgaire bandit. C’est une insulte à notre intelligence que le gouvernement prétende ne pas savoir où se situe sa tombe. Si tel est le cas, qu’il interroge donc les anciens dirigeants du camp commando encore en vie. L’ancien major Sinduhije est en vie, très riche, très puissant, alors que le corps du jeune Roi dont il a ordonné l’exécution repose dans la brousse. Sinduhije, lui, habite dans une très belle villa sur l’avenue Bubanza, pas loin de la JRR, et fréquente régulièrement les meilleures places de Bujumbura. Les Baganwas ne sont pas des criminels, loin de là. Ils devraient simplement confronter ce baron des temps révolus, y compris devant les tribunaux.

 

Mais il y a d’autres questions de fond également. Comme, par exemple, mener une réflexion profonde de comment notre Histoire et notre culture monarchiques peuvent aider le Burundi moderne à faire face aux défis de l’avenir ! N’est-il pas venu le temps de nous doter d’un Roi traditionnel, à l’image de Mwambutsa sous la gouvernance belge, qui symboliserait l’Unité et la Concorde entre toutes les Composantes nationales ?  Ce pays a été longtemps privé d’un SEBARUNDI. Il est temps d’y remédier.  

 

Quant au rapatriement des restes du Roi Mwambutsa IV, cette question n’est pas finie. Par contre, elle devrait être discutée et négociée en douce. Peut-être que la Suisse finira par concéder à ce rapatriement, non pas pour satisfaire un parti au pouvoir en panne d’amour, mais pour bien honorer notre Histoire et notre Culture. Pour cela, il faudra … toute une finesse royale pour y arriver.

 

 

                                                                                   
                                                                                           Pour Bujumbura new

 



27/08/2012
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