Journaliste africain emprisonné: le Burundi semble vouloir étouffer l’affaire

Journaliste africain emprisonné: le Burundi semble vouloir étouffer l’affaire

Le journaliste burundais Hassan Ruvakuki attend encore d’être entendu dans un procès en appel, et ce depuis le 8 octobre. Son procès est prévu pour jeudi, après deux reports déjà. Le rendez-vous est encore incertain à voir la liste des prévenus que le tribunal range devant lui. Différents milieux estiment que c’est une façon pour la justice et le pouvoir de retarder le procès avant la tenue de la conférence des bailleurs de fonds burundais prévue à Genève en fin de ce mois d’octobre. Ce qui peut aussi provoquer de graves conséquences sur l’issue de la conférence.

Hassan Ruvakuki

C’est donc ce jeudi que le dossier de ce journaliste d’une radio locale et correspondant de RFI à Bujumbura est programmé à la cour d’appel de Gitega, au centre du pays. Hassan Ruvakuki est le 21e sur une liste de 23 prévenus, impliqués dans ce dossier dit d’actes de terrorisme dans une province de l’est du Burundi en novembre 2011. Neuf prévenus en tout ont été entendus les 8 et 18 octobre de cette année. Les 23, dont Hassan Ruvakuki, avaient demandé à ce que ce dossier s’étende sur toute la semaine du 8 au 12 octobre en cas de besoin, afin qu’ils soient tous entendus. Cette requête n’a pas été acceptée par la cour qui a plutôt pris l’option de reporter le procès d’abord au 18, puis au 25 octobre.

Puisqu’il n’est pas facile de croire que les 16 prévenus qui doivent encore comparaître devant la barre seront tous entendus à ce rendez-vous, certains milieux trouvent que ce serait une façon pour l’exécutif de retarder le procès jusqu’à la tenue à Genève, en Suisse, de la conférence des bailleurs de fonds du Burundi. Parmi ceux qui partagent cette opinion se trouve le directeur de la Radio Bonesha FM, employeur du journaliste au niveau local, qui dit que les professionnels des médias et les défenseurs des droits humains, tant à l’échelle nationale qu’internationale, ne sont pas prêts à se lasser jusqu’à ce que justice soit convenablement rendue pour leur confrère.

Il pense en outre que cela aurait un quelconque lien avec la conférence des bailleurs de fonds du Burundi prévue les 29 et 30 octobre 2012. Un responsable d’une organisation de la société civile estime quant à lui que la justice pour Ruvakuki reste un des grands défis à relever avant ce rendez-vous important.

De son côté, l’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF) a qualifié vendredi de« scandale » le nouveau report du procès. Cet acte reposerait « sur un argument ridicule qui témoigne en outre de l’intrusion du politique dans le sphère judiciaire ». Le président de la cour a en effet justifié ledit ajournement, jeudi soir, par une lettre reçue du gouverneur de la province le prévenant du lancement officiel le lendemain vendredi « du centenaire de la ville de Gitega », où se déroule le procès.

Les professionnels des médias et les organisations de la société civile ont vu en cela une manière pour l’exécutif de s’ingérer dans les affaires de la justice. RSF souligne que « si les autorités burundaises comptent sur ces reports à répétitions pour décourager Hassan Ruvakuki, ses avocats et ses soutiens, elles se trompent. Nous irons jusqu’au bout du combat pour prouver son innocence et obtenir sa libération». En première instance, Hassan Ruvakuki et 13 de ses coaccusés avaient été condamnés à perpétuité tandis que neuf autres, accusés de complicité, avaient écopé de 15 ans de prison.

Le journaliste avait été arrêté le 28 novembre 2011 par les agents de renseignement burundais, qui l’ont accusé de collaborer avec les rebelles. Quelques jours après, le parquet de la République l’a accusé de travailler avec les groupes terroristes. Même si les autorités burundaises disent que ces groupes n’existent pas au Burundi, le tribunal en première instance a condamné Hassan Ruvakuki, le 20 juin 2012, à la prison à perpétuité. Les avocats de la défense disent toujours que leur client n’est victime que de son métier de journaliste, et au premier concerné de déclarer que sa place n’est nullement en prison.

 

 

 

 

 

 

                                                           Léonce Bitariho |http://www.pieuvre.ca



25/10/2012
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