Mot liminaire d’une conférence de presse animée par la Coalition ADC-IKIBIRI en date du 24 Août 2011 à Bujumbura
Thème : Proposition de l’ADC-IKIBIRI sur les Négociations inter-burundaises
-
Justification des Négociations/pourquoi négocier ?
Les négociations inter-burundaises sont actuellement incontournables pour faire face à la triple menace(guerre civile, risque de génocide et pauvreté extrême) qui plane sur notre pays. En effet, tous les partenaires nationaux et internationaux, à l’exception du pouvoir CNDD-FDD et ses satellites, s’accordent pour constater que le pays est à bord d’une catastrophe humanitaire et convergent sur l’urgence nécessité d’engager de véritables négociations entre le pouvoir en place et l’ADC-IKIBIRI, pour recréer de l’espoir au Burundi et sauvegarder les acquis de paix et de réconciliation et l’image du pays comme en témoignent les quelques faits suivants :
2. Selon l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi sur la nature du conflit burundais, « aucun gouvernement du Burundi ne peut plus recréer les causes historiques du conflit burundais » ce qui signifie que chaque gouvernement du Burundi doit, à tout prix éviter, en paroles et en actes, de replonger le pays dans les cycles de la guerre, des violences et de l’insécurité.
3. Pour la Coalition ADC-IKIBIRI, le pouvoir en place a déjà perdu sa légitimité à cause de son incapacité à gérer les questions relatives à la sécurité du pays, des citoyens et de leurs biens, à cause de sa mauvaises conception du pouvoir, de l’aggravation de la crise de confiance dans le pays, de la violation répétitive de la Constitution et des autres lois, de l’absence d’un bon leadership dans le pays, des violations massives des droits de la personne humaine et des libertés publiques, des pratiques de corruption et de détournement des deniers publics.
4. Pour l’Organisation SOS « guerre civile-TUVUNE »,
-
Effrayée par la descente aux enfers de notre patrie entrainée par des violences quotidiennes à caractère génocidaire sous le couvert d’une guerre civile qui ne veut pas dire son nom ;
-
Consternée par les graves violations régulières des droits de l’Homme : arrestations et incarcérations arbitraires, assassinats, disparitions de plusieurs de nos concitoyens et multiples violences faites aux femmes ;
-
Indignée par la dégradation des conditions de vie de notre peuple livré au chômage, à la pauvreté, à la faim, à la maladie et réduit à la mendicité ou à la prostitution ;
-
Dénonçant les pratiques de corruption, de détournements des deniers publics, des malversations économiques et de l’impunité des crimes, qui ont atteint des proportions inacceptables ;
- soucieuse de susciter l’émergence d’un leadership visionnaire qui incarne les valeurs fondatrices de notre nation et capable de présider à la recherche d’une vision commune de la société que nous voulons léguer à nos enfants et aux générations futures.
Exige la tenue d’un dialogue politique entre le Gouvernement et l’opposition armée pour conjurer la menace d’une guerre civile, remettre à l’honneur les valeurs fondatrices de la nation et promouvoir les valeurs universelles.
5. Pour la Coalition des Patriotes pour la Restauration de la Démocratie au Burundi, il faut à tout prix chasser des hautes sphères de l’Etat, une poignée de quelques individus qui tiennent en otage les institutions et le Peuple burundais, en vue d’engager sans entrave, de véritables négociations au Burundi.
6. Pour le Courant de Réhabilitation de l’ UPRONA, à travers un mémorandum intitulé : « recréer l’espoir dans l’avenir du Burundi » rendu public le 15 juin 2011 :
Six ans après les 1ères élections post-conflit, force est de constater que la démocratie pluraliste recule du fait notamment de l’intolérance et des persécutions politiques, des fraudes électorales, de l’exil des dirigeants et des risques de retour à un système monopartite. La réalité est que le projet construit sur le pacte d’Arusha et la Constitution de 2005 est aujourd’hui compromis.
La résurgence des violences meurtrières et de l’insécurité, l’impunité des crimes, la corruption généralisée qui parvient à défier le programme de tolérance zéro lancé par le Président de la République, émergence d’un Etat-Parti, l’aggravation de la pauvreté et de la misère ruinent les espoirs qu’avaient soulevé l’avènement d’une gouvernance issue des élections.
A la place d’un Etat des citoyens, il s’est installé un Etat partisan qui a mis au rencart les dispositions constitutionnelles et les lois qui assurent l’égalité des citoyens dans l’accès à l’emploi public. Des pratiques de discrimination se sont consolidées contribuant ainsi à l’affaiblissement de l’Etat.
Les pratiques de corruption se sont aggravées et institutionnalisées. Le résultat en est que le Burundi qui était devenu un modèle de la démocratie et de résolution pacifique des conflits dans la région des Grands Lacs en 2005, est aujourd’hui le pays le plus corrompu de la Région et est dans le peloton de tête des pays les plus corrompus de la planète. La misère et la pauvreté se sont amplifiées au moment où se consolide une classe de privilégiés et de nouveaux riches faite de dirigeants.
Face au danger de rupture et de conflit aggravé, il faut opposer un dialogue serein pour affronter ensemble les défis immenses de paix, de stabilité, de réconciliation et de pauvreté. Le dialogue, la tolérance, la recherche des compromis et des consensus sont des valeurs fondamentales pour toute gouvernance démocratique.
7. Pour le PARCEM
« On ne peut pas être un Burundais de sang ou d’adoption qui aime son pays sans se sentir blessé dans sa chair et dans son âme voire humilié par le classement international de notre pays dans les différents domaines comme la pauvreté, la gouvernance et les droits de l’homme(l’un des 5 pays les plus pauvres, l’un des 5 pays les plus corrompus de la planète, l’un des 5 derniers pays dans l’environnement favorable aux affaires…) ».
8. Dans son allocution, Son Excellence Monsieur Joseph Weiss, Ambassadeur d’Allemagne au Burundi, lors de la fête Nationale allemande, le 03 octobre 2010 a déclaré, je cite : « Il va falloir une grande sagesse et une maturité politique pour bien utiliser ce pouvoir énorme. Il va falloir tendre la main à l’opposition. Il va falloir une stratégie politique d’inclusivité et de dialogue enfin de ramener les leaders de l’opposition au Burundi.
Maintenant, les burundais et la communauté internationale attendent avec beaucoup d’espoir et impatience des actions courageuses et réfléchies pour le développement, la démocratie et la bonne gouvernance.
Le Président de la République a fait des déclarations importantes dans ce sens. Il a surtout annoncé une politique de « tolérance zéro » contre la corruption, la mise en place des mécanismes de la justice transitionnelle et une justice véritable et indépendante. Comme le dit si bien un adage burundais : Inkware zisezerana mu masesa (il faut tenir ses promesses) ».
9. Les diplomates accrédités à Bujumbura (Union Européenne, Etats-Unis, Nociature Apostolique, Suisse et Norvège), dans une correspondance adressée au Ministre des Relations Extérieures et de la Coopération le 25 Mai 2011 demandent au Gouvernement la tenue d’un dialogue franc et sincère au Burundi pour sauvegarder les acquis de la Démocratie et de la bonne gouvernance.
10. Le Ministre Belge des Affaires Etrangères, lors de sa dernière visite au Burundi a beaucoup insisté sur la nécessité d’engager rapidement un dialogue politique au Burundi pour conjurer les risques de dérapage du processus de paix et de réconciliation au Burundi.
11. La Société Civile et les Eglises du Burundi conseillent au Président NKURUNZIZA de tout faire pour éviter que le Burundi ne soit encore une fois le théâtre de la guerre et des violences.
12. Les leaders des partis politiques en exil forcé réclament des négociations pour un retour sécurisé et protégé au pays pour qu’ils contribuent à la reconstruction multiforme de notre pays.
13. La grande partie de la population réclame la tenue des négociations entre le gouvernement et les partis politiques de l’opposition avant qu’il ne soit trop tard.
14. Le Président du Parti UPRONA, monsieur NIYOYANKANA Bonaventure, dans sa conférence de presse organisée en date du 19/08/2011 a demande aux militants du parti UPRONA et à tous les Burundais de recourir à tous les moyens pacifiques afin d’amener le pouvoir en place à prendre conscience de la gravité de la situation qui prévaut dans notre pays.
15. Le Président de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme, Frère Emmanuel NTAKARUTIMANA Dans sa déclaration du 22/08/2011 sur la problématique de la sécurité et des droits humains dans notre pays, a interpellé les autorités de ce pays pour renoncer à la ruse politique et considérer à sa juste valeur la situation sécuritaire et des droits humains qui prévaut dans le pays.
16. Certaines Organisations de défense des droits de l’Homme au Burundi ont déjà indiqué qu’au cas où l’impunité des crimes persisterait au Burundi, elles se verront obligées de saisir les juridictions internationales compétentes pour que de tels crimes soient jugés. D’autres pensent déjà aux marches manifestations.
17. Dans sa lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président de la République du Burundi, monsieur Pancrace CIMPAYE a souligné que :
« Les heureux élus n’ont pas le droit de tuer, de torturer, d’emprisonner et d’exiler les opposants politiques, de persécuter la presse et la société civile, de monopoliser un dossier aussi sensible comme celui de la « Commission Vérité Réconciliation, de dilapider le trésor public sous prétexte qu’ils ont une victoire électorale en proche pour un mandat de 5 ans ».
18. Tous les Anciens Chefs d’Etat burundais, de par leurs expériences, conseillent aux dirigeants actuels du pays de faire recours à la sagesse et engager rapidement un dialogue politique sur les défis qui assaillent la population. Plus particulièrement pour le Président NTIBANTUNGANYA : « dans une société en reconstruction démocratique comme la notre, ou en crise comme nous l’avons été, l’absence de dialogue entre les institutions et les forces politiques, civiles, sociales ou morales peut, surtout quand il y a des inquiétudes objectives, conduire à des contextes où finalement les impasses se résolvent par la négociation, la libération ou la révolution ».
Mesdames, Messieurs les journalistes,
Comme le disait si bien la Secrétaire d’Etat américaine Madame Hillary CLINTON, du haut de la tribune de l’Union Africaine à Addis-Abeba le 13 juin 2011, devant un parterre des Chefs d’Etats Africains : « …le statu quo, c’est fini ; les vieilles façons de gouverner ne sont plus acceptables. Il est temps pour les chefs de rendre des comptes, de traiter leur peuple avec dignité, de respecter leurs droits et d’obtenir des résultats économiques. S’ils ne le font pas, il est temps pour eux de partir». Cette envoyée du Président Barack OBAMA devait ajouter : « …pour ces Chefs qui s’accrochent au pouvoir à tout prix, qui suppriment les voix discordantes, qui s’enrichissent, eux et leurs partisans au détriment de leur peuple…changez ou le temps se chargera de vous démontrer que vous êtes du mauvais côté de l’Histoire. »
La Coalition ADC-IKIBIRI est de cet avis. Le pouvoir CNDD-FDD ne pourra pas défier tous ces partenaires et échapper à cette logique de l’envoyée du Président Barack OBAMA au sommet d’ADDIS-ABEBA. Le risque est grand que le pouvoir de Bujumbura subisse le même sort que les pouvoirs Egyptiens et Tunisien qui n’ont pas réalisé à temps qu’ils avaient perdu leur légitimité.
C’est pourquoi, mesdames, messieurs les journalistes, en réponse aux nombreuses interrogations de l’opinion et en l’absence d’une proposition du gouvernement, la Coalition ADC-IKIBIRI propose un schéma des négociations interburundaises structurées comme suit :
1. Pourquoi négocier ?
2. Nature et racine majeure du problème burundais.
3. Préalables à toute négociation :
4. Qui devraient participer aux négociations ?
5. L’objectif des négociations
6. L’ordre du jour ou l’agenda des négociations
7. Où vont se dérouler les négociations ?
8. Qui seront les médiateurs ?
9. Financement des négociations
10. Application de l’Accord, Garanties, garants et calendrier de l’Accord
Voilà mesdames, messieurs les journalistes une proposition concrète de la Coalition ADC-IKIBIRI sur les négociations inter-burundaises. Que le pouvoir de Bujumbura n’avancent plus ses faibles arguments comme quoi ceux qui parlent des négociations veulent remettre en cause leurs postes !
Je vous remercie.