nalyse du Rapport du SNR sur Gatumba C'EST LE SNR, L'AUTEUR DU CARNAGE DE GATUMBA


 

Revenons un instant sur les facettes de ce carnage, sujet moins anecdotique que le récent remaniement ministériel du 7 novembre 2011 au Burundi. Ce Carnage du SNR ne serait-il une récidive du 29 avril 1972? 

A. ANALYSE FORMELLE DU "RAPPORT D'ENQUETE" DU SNR. 

1. Une lecture attentive du fameux "Rapport d'enquête " du SNR - Service National de Renseignements ou Police présidentielle-, immatriculé n° 101/00441/AG/201, conclut inexorablement à cette vérité implacable: C'EST LE SNR LUI-MÊME QUI A PLANIFIE ET EXECUTE LE CARNAGE DE GATUMBA DU 18 SEPTEMBRE 2011, jour du 50 ème anniversaire de la première victoire électorale du parti UPRONA. C'est pourquoi le Président P. NKURUNZIZA, sans adresser une moindre prière à son Dieu le Tout Puissant pour les familles éprouvées, déclara non sans gêne le lendemain à Gatumba: "Tôt ou tard, les responsables de ce massacre vont être arrêtés et traduits en justice" (Journal Metro, 20 sept.11). Pour les non initiés à son double langage et paraboles, notre pasteur Président a réellement dit: "Jamais (tôt ou tard), nous n'arrêterons ni ne traduirons en justice les auteurs de ce massacre". Scénario d'impunité auquel le monde entier assiste. 

2. Ce document antidaté, maculé de ratures (numérotation et datation à la main, titre ou "objet" modifié, cachet "confidentiel" ajouté) qui aurait valu le licenciement immédiat de son auteur dans une administration normale, n'a d'autre valeur juridique que celle d'un TRACT revendiquant le crime .Nonobstant sa longueur, il ne diffère en rien des tracts que ce même SNR dit avoir ramassés aux autres lieux de ses crimes comme Rukoko, Cibitoke, Ruyigi, Bururi, etc... Le SNR se gêna de diffuser ensuite qu'il avait localisé Mr Rwasa en ces lieux comme pour dire que c'est lui l'auteur de ces crimes. Au même moment, le Gouverneur de la Province de Bubanza le localise au Congo(RDC). Aussi, le SNR faisait passer aux oreilles des Burundais que Mr Rwasa était le Dieu le moins puissant, un monstre des montagnes de Fizi-Baraka (RDC) qui, néanmoins, dispose d'une puissante télécommande capable d'exécuter des carnages aux quatre coins du pays. Hallucinant, non? 

3. Nul besoin de monocle ni de carbonne 14 (C14) pour constater que ce document a été confectionné en deux moments distincts : AVANT et APRES le carnage. 

a. Les deux premières pages qui évoquent effectivement le carnage de Gatumba ont visiblement été rédigées à la hâte APRES le crime. Son but : attribuer ce crime à l'opposition démocratique et au Président du FNL en particulier. 

Jamais dans son histoire, un rapport d'enquête n'a donné une image aussi figée d'un crime dont il est censé éclaircir les méandres. Pas d'action ni acteur; pas de trace d'arme utilisée ou saisie; pas de réaction de foule ne fut-ce panique, fuite ou cris... Quelle fut la durée dudit carnage? Le SNR donne l'impression que le lieu dit "Chez les Amis" a été frappé par la foudre. Même le nombre de victimes semble avoir été déterminé à l'avance à tel point qu'il n'a pas varié d'un iota à ce jour. Le SNR ne dit rien non plus des personnes qu'il aurait arrêtées, l'ont-elles été avant, pendant ou après le carnage? Etaient-elles armées? Si l'on sait qu'elles ont été jetées dans ses cachots, l'on ignore si elles ont été traduites devant un juge du tribunal dans les délais comme le stipule le Code pénal burundais lequel stipule en outre que l'emprisonnement est une peine, une punition infligée à un présumé auteur d'un crime ou d'infraction grave et ce, après que ce tribunal ait établi les faits et leurs auteurs. 

b. La seconde partie du document "confidentiel" disserte notamment sur les élections de 2010, sur la légalité ou non des partis politiques d'opposition, des organisations de la société civile et des médias privés, sur la gouvernance de l'Etat, le terrorisme, la religion etc... Mais, cette dissertation aussi noble soit-elle n'établit aucunement une cause à effet avec la planification de ce carnage. Preuve supplémentaire que cette partie a été rédigée AVANT et ajoutée à la première, les deux parties étant liées par la mention "confidentiel" apposée au moment de l'expédition du tract. 

L'autre aspect formel de ce tract est que le Président de la République s'est servi de cette deuxième partie pour élaborer son discours du 26 août 2011. Pompeusement appelé "message à la Nation " par son conseil en Communication ANONYMOUS (cfr burundi-info.com), le Président ne donna pas le bilan de son année du second mandat ni de celui de son Gouvernement comme promis, il se contenta de philosopher sur les mêmes thèmes que le SNR en son rapport d'enquête. Mais, pour ne pas citer nommément Mr Rwasa, les noms des leaders de l'Adc-Ikibiri, de la société civile, etc..., il a simplement opté pour l'usage de l'expression dédaigneuse de " CES POLITICIENS". "Ces politiciens... sont des malfaiteurs", a-t-il manqué de s'étouffer. Son porte-parole et porte-parole du Gouvernement lui emboîta le pas après le carnage: "ces politiciens et leurs auxiliaires qui manquent d'arguments...". L'on attend toujours son premier argument pour justifier ces carnages et ces assassinats ciblés des citoyens innocents. 

Ces observations sur l'aspect formel du TRACT du SNR prouvent à suffisance que c'est le SNR le vrai auteur du carnage de Gatumba. Son rapport-tract est un faux et mensonger chargé de fausser les pistes et d'étouffer l'enquête judiciaire sur les vrais auteurs du carnage. Autrement, quel est le sens logique d'un rapport d'enquête qui porterait sur un crime qui n'est pas encore commis? 

B. DEUX QUESTIONS. 

a. POURQUOI, muni d'informations si fiables de son service de renseignement sur la planification d'un massacre, le Président de la République n'a pas anticipé pour empêcher ce massacre? Pourquoi n'a-t-il pas aussitôt consulté le Conseil National de Sécurité pour avis sur les voies et moyens à adopter pour ce faire? N'aurait-il pas été dans son rôle de Président? Pourquoi, au contraire, a-t-il continué à chanter que le pays est en paix, sécurisé. Quel pays étranger le menaçait-il? 

b. POURQUOI les deux moments d'interrogatoire, par la justice, du Président de l'Adc-Ikibiri, Mr Léonce NGENDAKUMANA et des autres leaders de la société civile et des médias correspondent-ils aux deux moments de la rédaction des deux partis du rapport du SNR? Qui plus est, à l'interrogatoire d'avant le carnage, le Président du Parti Sahwanya-Frodebu eut le droit (pour une fois) à cette drôle de question de la part du magistrat: "Mr LEONCE, POURQUOI N'AVEZ-VOUS PAS FUI DEPUIS NOTRE CONVOCATION?" 
Sous entendu, comme Mr Nyangoma (CNDD), SINDUHIJE (MSD), RWASA (FNL), etc... bien avant lui. 

Si cette question n'est pas pernicieuse, elle a la pertinence de révéler la nyakurisation ou instrumentation de la magistrature par le pouvoir cndd-fdd. Ne révèle-t-elle pas en effet que ce magistrat était au courant de la planification du carnage de Gatumba par le SNR contrairement à son interlocuteur? Le moins que l'on puisse écrire est que, dans sa réponse, le Président de l'Adc-Ikibiri et du Parti Sahwanya-Frodebu ne s'est pas laissé distraire et tomber dans le piège de philosopher sur le sexe des anges (cfr Propositions de négaociation et 2ème Mémorandum de l'Adc-Ikibiri en guise de réponse). 

C. TROIS REPONSES. 

Elles sont données par le Président P. Nkurunziza lui-même dans son discours moralisateur presque un mois avant le carnage de Gatumba. Ce discours, étrangement semblable à celui qu'il tint à Mwakiro à son premier mandat qui dénonçait un complot contre lui mais qui s'avéra faux, avait TROIS OBJECTIFS. 

1°. REJETER CATEGORIQUEMENT LES PROPOSITIONS DE DIALOGUE POLITIQUE VOIRE, DE NEGOCIATIONS avec l'opposition démocratique lui formulées officiellement peu avant par le Président en exercice de l'Adc-Ikibiri, Mr Léonce Ngendakumana (cfr Mot liminaire de sa conférence de presse) au MOTIF que "ces" partis politiques de l'Adc-Ikibiri, "ces" organisations de la société civile sont une association de malfaiteurs puisque jugés illégaux par le SNR dans son dit rapport. 

2°. PREPARER PSYCHOLOGIQUEMENT LA POPULATION A SUPPORTER LES DOULEURS ET MALHEURS de ce carnage annoncée et des pillages économiques programmés. C'est le sens de son cours de philosophie morale à une population affamée et endeuillée sur des notions aussi abstraites pour elles que l'éthique, la déontologie, la pédagogie, le terrorisme, etc... 

3°. INCITER CETTE MEME POPULATION A LA HAINE DES PARTIS POLITIQUES D'OPPOSITION, DES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE ET DES MEDIAS PRIVES. Par ce truchement et de façon perverse, Mr P. Nkurunziza a créé une nouvelle sorte de haine: l'appartenance à un parti politique ou à une organisation de la société civile. Il a ainsi remplacé l'appartenance ethnique, apanage des régimes militalo-putschistes précédents mais dont son régime issu du putsch électoral d'avril-mai 2010, tant en actes qu'en paroles, ne cesse de s'identifier et de recopier les méthodes sanguinaires. 

D. QUELS ENSEIGNEMENTS TIRER. 

1°. LA COMMISSION D'ENQUETE AD HOC aurait été mieux inspirée en centrant ses investigations sur le tract du SNR pour cerner la vérité sur les vrais auteurs du carnage de Gatumba et partant des autres cas de massacres comme Muyinga, Kinama, Rukoko, Manirumva, Léandre Bukuru etc... Le mode opératoire étant le même, les auteurs sont les mêmes. Qui plus est, le tract constitue déjà des aveux. Elle aurait dû identifier les victimes et leurs familles et déterminer objectivement leur appartenance politique. Car, comme souligner ci-avant les critères de massacres, d'assassinats ciblés et autres emprisonnements extrajudiciaires ont changé de nature depuis que le parti cndd-fdd est au pouvoir. Elle aurait pu découvrir, peut-être avec étonnement, QUI se cache derrière l'expression chère au porte-parole de la police Nationale, Mr Ntarabaganyi "bandes ou bandits à mains armées non identifiées" ou OVNI. Elle aurait été ainsi crédible aux yeux des Burundais et des Amis du Burundi en permettant à la justice d'éviter les récidives et d'effacer la cassette dudit porte-parole vieille de 6 ans avec sa rengaine quotidienne: "Des massacres ont été commis par des bandes ou bandits à mains armées non identifiées dans X coins du pays... des enquêtes sont toujours en cours et la justice fait son travail." 

2°. En envoyant ses revendications à ses alter egos du renseignement des pays de la Région et de la Sous- Région, avec copie pour information au Président de la République, le SNR A AGI TEL UN ETAT DANS L'ETAT. Il a manqué de respect à son supérieur hiérarchique. De même, il ne dispose d'aucun droit de juger du statut de tel ou tel parti politique et organisation civile ni de la religion de tel ou tel individu. 

C'est ce qui donne du Burundi, cette d'un Etat de non droit et chaotique que le Président Nkurunziza s'évertue à cacher face au monde. EN VAIN. 

3°. En basant son discours politique sur des rapports sordides de sa police, le Président a révélé au grand jour son INCAPACITE POLITIQUE A GOUVERNER. C'est la police qui lui dicte la loi et la politique à mener. Nous sommes loin d'un Etat de droit, post-conflit et à l'envers d'un Etat démocratique ayant vécu des élections libres et transparentes. 

4°. Avec le carnage de Gatumba, le Burundi a frôlé la RECIDIVE DU 29 AVRIL 1972 et du génocide des Hutu qui a suivi. Il suffit de appeler le tract de fin avril 1972 distribué par les ministres de l'intérieur et de la justice Mr A. SHIBURA et de l'information, Mr A. YANDA sur le marché de Rumonge. A leur départ des lieux, leur suite déclancha des émeutes audit marché et dans le sud du pays. Or, ces émeutes cachaient l'arrestation du Roi NTARE V et son transfert à Gitega au centre du pays pour assassinat. Ces émeutes et assassinats ciblés, suivis de la répression de la population par la soldatesque du Général Micombero sonnèrent le glas du génocide de 1972. Cette soldatesque n'eut aucun scrupule à attribuer abusivement au Député BIYORERO et à l'Universitaire MPASHA et de traquer ceux-ci dans leur fuite en Tanzanie, comme auteur de ce tract et coauteurs de ces émeutes et donc du génocide. 

Par cette traque des exilés, accompagnée de bombardements au napalm de la frontière tanzanienne, le Burundi, sous Micombero a frôlé la guerre ouverte avec son voisin la Tanzanie, n'eut été la sagesse légendaire du Président tanzanien, feu Mwalimu Julius NYERERE. 
A force de vilipender la RDC, sous l'alibi fallacieux d'abriter des "forces négatives", des "terroristes burundais" et des "génocidaires rwandais" sur son territoire (langage qui avait disparu des burundais avec Arusha), le pouvoir cndd-fdd de Nkurunziza, comme celui de Micombero en 1972, fait courir au Burundi le risque d'une guerre avec son grand voisin et la sommalisation du pays. Sa seule chance actuelle est que la RDC est préoccupée par d'autres problèmes sociopolitiques notamment électoraux. 

5°. A ces coïncidences troublantes et quasi historiques, il convient d'en ajouter celles-ci. 

a. Comme Micombero en 1972, P. Nkurunziza , dans la foulée du carnage de Gatumba, a fait des promotions dans la police (cfr ses décrets), avait muté des magistrats (cfr grève) et des fonctionnaires administratifs, déployé des militaires = mouvance cndd-fdd- en campements sous tentes dans plusieurs communes rurales afin de faciliter la répression policière de la population qui allait suivre. Des prisons avaient été désengorgées pour les remplir ensuite des membres de l'opposition démocratique rescapés. Il devait remanier son gouvernement, comme Micombero en 1972 pour nommer des super ministres, des Ambassadeurs et ministres plénipoteniels capables de gérer la répression intérieure pour les premier et pour mieux expliquer au monde extérieur que le pays est pacifié, sécurisé, pour les seconds. 

LA DIGNITE DE REACTION de la population, de l'Alliance des démocrates pour le changement, de la société civile et des médias, L'EN DECIDA AUTREMENT. Le remue ménage ministériel n'est qu'un zest de cosmétique au lézardement du régime dictatorial cndd-fdd. C'est Mr NDUWIMANA Edouard, pourfendeur patenté des libertés publiques, des partis politiques d'opposition, des organisations de la société civile et des médias privés par ses projets de loi y relatifs qui doit écumer de rage, lui qui se voyait déjà cumuler les ministères de l'intérieur , de la sécurité publique, de la justice et de l'information, comme A. SHIBURA en 1972. 

b.Enfin, le "PLAN SAFISHA" du cndd-fdd Nkurunziza ne serait-il une réédition ou récidive du "PLAN SIMBANANIYE" , du nom de l'ancien Ambassadeur et Ministre Plénipotentiel nommé par Micombero en avril 1972 et actuel Conseiller spirituel (et politique) de P. Nkurunziza , le progrom de Gatumba n'étant qu'un "coup de balai"? Il est à observer que le parti-Etat cndd-fdd n'a jamais démenti l'existence de ce plan à ce jour comme l'Uprona parti-Etat en son temps. 

Face à l'appel à la haine de l'opposition démocratique du Président P. Nkurunziza, nous préférons conclure cette réflexion par inviter nos compatiotes, toute appartenance politique, ethnique et religieuse confondue, à mûrir ces quelques paroles de l'hymane national: " Burundi Bwacu, Burundi Buhire,... warapfunywe ntiwapfuye, warahabishijwe ntiwahababuka. Uhaguruke, uhagurukane Ubugabo,... UKURE NKURUNZIZA OU DEGAGE. Ukuye uwakuganza, uwakuganza. Habwe impundu n'abawe, usamirane mu mashinga..." 


                                                                                                                 Pierre MBONARIBA


01/12/2011
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