50 ans d'indépendance au Burundi : joie et déception


 Le 01 juillet 12

 

Le Burundi célèbre ce 1er juillet le cinquantième anniversaire de son indépendance. Mais depuis un demi-siècle cette ancienne colonie belge est encore tributaire d’une aide financière de l’étranger.

"C’était un moment de joie très intense. J’avais alors 22 ans et j‘ai vu descendre devant mes yeux le drapeau belge. Puis le drapeau burundais a été hissé : nous avions désormais notre propre pays", se rappelle le professeur Emile Mworoha, 72 ans.

Les rues ont reçu un coup de balai, les propriétaires de maison ont été obligés de peindre leurs devantures. Le Burundi veut être nickel pour son cinquantième anniversaire.

"A mes yeux, cet anniversaire est important, car il nous rappelle tout ce que nous avons vécu depuis", dit Laura Syori, 19 ans. "Nos aînés nous ont raconté plein d’histoires sur les années de colonialisme. Bien sûr, cela nous a apporté éducation et infrastructure, mais en général je pense que ce n’était pas bon. Cela a complètement changé notre culture : la façon de nous habiller, la façon de nous comporter. Nos aînés devaient porter les colons sur leur dos sur de longues distances. Nous n’étions pas libres."

Passé troublé 
Le Burundi a connu des années houleuses depuis son indépendance. Les troubles commencent avec l’assassinat du prince Rwagasore, qui jouit d’une énorme popularité, moins d’un an avant l’indépendance. Ce politicien modéré prêchait la coopération entre les communautés hutu et tutsi au Burundi. Après la mort du prince Rwagasore, fils du roi tutsi, des affrontements ethniques éclatent entre les deux communautés.

L’année 1972 marque une autre profonde crise ethnique, durant laquelle plus de 200.000 Hutu éduqués, parmi lesquels de nombreux jeunes étudiants, sont massacrés. La dernière guerre, après l’assassinat du premier président hutu Melchior Ndadaye, dure jusqu’en 2005 et fait environ 300.000 morts.
Bien que les conflits aient été qualifiés d’"ethniques", les causes étaient bien plus profondes, selon le professeur Emile Mworoha. "L’ethnicité a servi d’excuse. C’était toujours une question de contrôle du pouvoir. Il y avait énormément de conflits."

La question n’est plus aujourd’hui de savoir qui est hutu ou tutsi, estime le professeur Mworoha. "De nos jours, les Hutu et les Tutsi siègent ensemble dans les mêmes partis politiques, et même les mouvements rebelles sont mélangés. A l’inverse du Rwanda, ici au moins nous pouvons parler ouvertement d’ethnicité."

Indépendance financière
"Sommes-nous vraiment indépendants ?", se demande Laura Syori. "Près de la moitié de notre budget national vient de nos donateurs", poursuit la jeune fille. "Il faudra peut-être une autre génération pour être financièrement indépendants. Ma génération." Laura Syori semble sur la bonne voie. Elle est la meilleure joueuse de tennis du pays et se prépare à étudier à l’étranger. "Mais ensuite je rentrerai certainement, pour aider à construire mon pays", promet-elle.

"Les cinquante prochaines années seront meilleures que les précédentes", prédit Emile Mworoha, ancien ministre et président de l’Assemblée nationale. "Nous allons nous intégrer en Afrique de l’Est, nous allons faire partie du monde. Je suis optimiste."

Risque d’instabilité
Malgré les routes nickels, le Burundi risque toujours de connaître une période d’instabilité. Il a connu une série d’assassinats pour des motifs politiques après les élections de 2010 et les groupes rebelles latents suscitent des craintes.

Selon certaines sources à Gitega, la deuxième ville du pays, des rebelles se terreraient dans le parc national des environs. Le gouvernement préfère les appeler des "bandits". Très récemment, le journaliste burundais Hassan Ruvakuki a été condamné à la perpétuité après avoir interviewé le chef de ce mouvement rebelle.

"Le problème de ce pays n’a pas encore été résolu", avertit le professeur Mworoha. "Le pays ne peut s’agrandir mais la population ne cesse de s’accroître. Nous devons œuvrer à tout prix pour éviter à l’avenir des conflits."

 

 

(Source: RNW)

 



04/07/2012
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