DRAFT DU DISCOURS DE LA SOCIETE CIVILE A L’OCCASION DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DEDIE A LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
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Excellence Monsieur le Président de la République ;
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Mesdames, Messieurs les Parlementaires ;
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Mesdames, Messieurs les Ministres ;
Monsieur le Gouverneur de la Province de Gitega ;
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Mesdames, Messieurs les Représentants diplomatiques et consulaires ;
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Mesdames, Messieurs les Représentants des organismes luttant contre la corruption ;
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Mesdames, Messieurs les hauts Cadres ;
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Messieurs les Responsables et les membres des organisations luttant contre la corruption ;
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Distingués invités ;
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Mesdames, Messieurs.
L’honneur m’échoit de prendre la parole au nom de la société civile burundaise en générale, et des organisations impliquées dans la lutte contre la corruption en particulier l’OLUCOME, PARCEM, et ABUCO qui ont participé activement, en collaboration avec le Gouvernement, dans les activités réalisées au cours de cette semaine dédiée à la lutte contre la corruption, pour me joindre au Gouvernement Burundais et à la communauté internationale pour célébrer cette journée combien importante pour l’humanité.
En effet, depuis 2003, année de ratification de la convention des Nations-Unies de lutte contre la corruption, la communauté internationale a décidé de célébrer chaque année une journée dédiée à la lutte contre ce fléau qui handicape la lutte contre la pauvreté dans le monde. C’est donc tout à fait légitime que le Burundi se joigne à la communauté internationale pour célébrer cette journée.
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Excellence Monsieur le Président de la République ;
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Mesdames, Messieurs.
Cette journée est une occasion de faire une auto-évaluation, et de faire une analyse introspective de ce qui a été fait et les défis qui restent à relever. Nulle n’ignore Excellence Monsieur le Président de la République que vous avez manifesté une volonté d’éradiquer ce fléau en déclarant la « tolérance 0 » aux actes de malversation et à la corruption, cependant même si des avancés significatives ont été réalisées ces derniers temps, un long chemin reste à parcourir :
Tenez, le classement de transparency internationale vient d’épingler un Burundi miné par la corruption, il est encore parmi les 10 pays les plus corrompus de la planète et a reculé de deux places : 172 ème place (2011) et 170ème (2010), il est parmi 3 derniers pays en Afrique, et le 1èrpays le plus corrompu au sein de l’EAC. Même selon les études des experts et les sondages réalisés par nos organisations, la population affirme que la corruption constitue un handicap à son accessibilité aux services de base (justice, éducation, santé,…..).
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Excellence Monsieur le Président de la République ;
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Mesdames, Messieurs.
Pour bien méditer sur l’impact négatif de la corruption, il est nécessaire de nous rappeler certaines réalités indéniables :
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Le Burundi est un pays pauvre, le classement du PNUD sur l’IDH vient de le classer parmi les 3 pays les plus pauvres ;
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Si la corruption (petite, grande) continue à sévir comme il le fait aujourd’hui, la lutte contre la pauvreté et le respect des droits de l’homme resteront des chimériques entreprises, et l’aboutissement des OMD restera comme un rêve. Il en est de même de la mise en œuvre du CSLP et des plans locaux de développement ;
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Les Burundais n’ont pas la capacité de financer le fonctionnement de leur Gouvernement, et nous devrons être assistés à plus de 50% de l’extérieur ;
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Les partenaires qui nous aident sont de plus en plus exigeants sur l’état de la bonne gouvernance notamment de la bonne gestion de la chose publique car ils nous assistent à partir de l’argent des contribuables de leurs pays ; le risque est grand qu’ils arrêtent à financer des peuples qui n’arrivent pas à mieux gérer cette assistance. Un humoriste disait : « cette aide collectée aussi chez les pauvres des pays riches est consommée par les riches des pays pauvres » ;
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Le monde entier est secoué par des crises économiques et les pays touchés sont ceux qui nous assistent actuellement, ils sont entrain de s’imposer (Gouvernements) et d’imposer à leurs peuples des mesures d’austérité ; et par conséquent nous devrions apprendre à changer de mentalités et leur emboiter le pas en gérant mieux le peu que nous avons;
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Excellence Monsieur le Président de la République ;
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Mesdames, Messieurs.
La société civile voudrait donner sa contribution en mettant en exergue certains faits qui font que actuellement la corruption est un acte sans risques qui procure des profits à celui qui la pratique au lieu d’être un acte très risquant qui ne procure pas de profits à celui qui la pratique, ce qui fait que actuellement elle a pignon sur rue.
En voici des faits :
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La nomination aux postes administratives ne respecte pas le principe de séparation des postes politiques des postes techniques. Alors que la loi no 1/09 du 17 mars 2005 portant séparation des postes politiques des postes techniques est on ne peut plus claire ;
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Le recrutement ainsi que la mutation des enseignants et certains d’autres fonctionnaires est maintes fois émaillé par des critères politiques;
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Le recrutement à la magistrature et son indépendance : la loi no 1/001 du 29/02 /2000 dit qu’en cas de multitude de candidats, le ministère de la justice organise un concours ce qui n’a jamais été fait, les critères de promotion des magistrats ne sont pas objectifs, la place de la justice par rapport à l’Exécutif et au Légistratif est à redéfinir ; l’inspection de la justice n’est pas opérationnelle correctement
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L’accès à l’information : L’absence d’une loi sur l’accès à l’information fait que l’information publique devient une denrée rare ce qui met à mal la redevabilité et la transparence;
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La déclaration des biens pour les mandataires politiques au début et à la fin de leur fonction telle que prescrite par la loi n’est pas respectée ;
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Le régime des incompatibilités n’est pas clair et n’est pas connu ;
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L’aspect de privilège de juridiction et absence d’organisation de la voie d’appel au sein de la cour anticorruption ;
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La corruption liée au financement politique (partis politiques), charroi de l’Etat(propagande), vente d’emploi et trafic d’influence, contribution des fonctionnaires et du secteur privé dans le financement du fonctionnement de leurs partis politiques;
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Une liberté singulière de l’exécutif dans l’exécution budgétaire suite à un parlement qui se cherche encore laisse la latitude à des malversations qui maintiennent les populations dans la misère noire ;
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L’impunité et la lenteur dans le traitement des dossiers judiciaires ;
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L’enrichissement illicite toléré : les gens corrompus continuent à s’enrichir et à se la couler douce au su et au vu du contribuable qui ne parvient plus à satisfaire ses besoins fondamentaux;
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Absence de la culture de l’obligation de rendre compte (conception monarchiste du pouvoir, manque de redevabilité des administratifs ;
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Le manque de sensibilisation permanente de la population sur la lutte contre la corruption et de l’évaluation d’impact ;
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La lenteur qui frise la léthargie sur le jugement de l’affaire de l’assassinat ignoble de d’Ernest MANIRUMVA que le gros de la société considère comme un héros dans la lutte contre la corruption et les malversations économiques ainsi que le silence complice de certaines autorités ne sont pas de nature à encourager les esprits engagés dans la lutte contre ce fléau.
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Excellence Monsieur le Président,
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Mesdames Messieurs.
Le Burundi vient de se doter d’un cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvretéseconde génération ( CSLP II) et d’une stratégie nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption ; ce sont de documents de référence pour jeter les bases des pistes de solution à nos problèmes de gouvernance et de lutte contre la pauvreté ; inaugurons un sursaut national de changement de comportement par l’organisation, en 2012, des états généraux sur les problèmes de gouvernance et de croissance économique; redorons l’image de notre pays avant qu’il ne soit trop tard.
Des petits pays aux dimensions similaires comme celles du Burundi : Cap vert, Ile Maurice, Rwanda, font des performances, pourquoi pas nous ?
On devrait faire une évaluation trimestrielle pour constater l’évolution de la situation.
Je terminerai ce discours en invitant la population et le Gouvernement à unir leurs efforts dans la lutte contre ce fléau, dans la recherche rapide de la vérité sur l’assassinat d’Ernest MANIRUMVA mort sur le champ de bataille dans la lutte contre la corruption, et de faire une évaluation trimestrielle sur l’avancée en matière de lutte contre la corruption.
Que vive la bonne gouvernance ;
Que vive le développement ;
Que vive le Burundi qui respecte les droits humains et débarrassé des corrupteurs et des corrompus.