Le Gouvernement burundais reconnaît qu’il est assiégé par des terroristes

 C’est à la fois nouveau et très significatif pour tous ceux qui suivent de près l’évolution de la situation politique et sécuritaire au Burundi. Pour désigner les fauteurs de trouble que d’aucuns nomment rebelles parce qu’ils revendiquent aussi ce statut, le nouveau lexique désormais en vogue est « terroristes ». C’est en tout cas sous ce registre que sont classés les centaines de militants des partis FNL, UPD, MSD, arrêtés et rapidement embastillés dans les provinces du nord-est du pays (Karuzi, Muyinga, Cankuzo, Ruyigi), pour avoir collaboré avec les assaillants, au lendemain de la fulgurante attaque rebelle perpétrée la semaine dernière à Cankuzo et immédiatement revendiquée par un certain colonel Pierre Claver Kabirigi. La sortie médiatique de ce dernier a été doublée d’une surprenante émission diffusée par France 24 et donnant la parole à un autre leader rebelle qui s’apprêterait à lancer un assaut contre Bujumbura. La guerre est là et le pouvoir doit en tirer toutes les conséquences. L’évolution est effectivement sensible au niveau du discours. Face aux notoires attaques rebelles signalées désormais dans tous les coins du pays, le pouvoir CNDD-FDD avait toujours déclaré qu’il avait affaire à des vulgaires bandits. Les médias, les organisations de la société civile et même les autres acteurs politiques, en particulier ceux de l’opposition, ligués au sein de l’alliance des démocrates pour le changement (ADC-Ikibiri), etc. n’avaient eu de cesse de montrer au pouvoir qu’il y a des signes de relance de rébellion qui ne trompent pas. Le souci de dialogue politique pour plancher sans détours ni circonlocutions était exprimé dans tous les foras. Même la communauté internationale a déjà, et à plusieurs reprises, attiré l’attention du pouvoir CNDD-FDD sur les dangers du déni de dialogue et le refus obstiné de reconnaître qu’il y a péril en la demeure, en raison notamment de ces nombreux indices de rébellion en gestation et de la chasse à l’homme observée depuis près de six mois entre les militants de l’opposition et les agents de la police présidentielle, guidés par les jeunes Imbonerakure, eux-mêmes inféodés au parti au pouvoir. Point n’est besoin de le rappeler, les dégâts humains sont immenses. Le patron déchu du FNL, Agathon Rwasa affirme avoir perdu près de six cents hommes, identifiés comme étant de simple militants du parti ou des ex-combattants démobilisés. Le décompte des organisations de la société civile fait état de 300 ex-combattants/militants FNL lynchés en l’espace de six mois. L’évolution devrait aller du discours à la table des négociations.

 

                                                                                                         (SurviT-Banguka)



09/12/2011
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