Le Gouvernement burundais se moque éperdument des recommandations du sénat belge
Philipe Nzobonariba n’y va pas par quatre chemins, pour banaliser, sinon rejeter en bloc, les recommandations publiées la veille et faites par le sénat belge au sujet du Burundi. « Le sénat belge est loin du Burundi et ne sait pas que certaines recommandations sont aussi celle du gouvernement burundais, notamment ce qui concerne le dialogue politique ou le renforcement de la sécurité, sinon nous pensons que la Belgique devrait gérer d’abord ses propres problèmes de gouvernance puisqu’elle est sans gouvernement depuis plusieurs mois », déclare le porte-parole du gouvernement, en mettant le pied dans le plat.
Ce dérapage étonne grand monde comme en rit Pacifique Nininahazwe, Délégué Général du Forum pour le renforcement de la société civile. « Nous n’osons pas croire que c’est le porte-parole du gouvernement qui parle », murmure-t-il. Pour rappel, il y a quelques jours, le sénat belge procédait à une profonde analyse de la situation sociopolitique et sécuritaire. Son diagnostic était assorti d’une série de recommandations adressées au Gouvernement burundais pour tenter de désembourber le pays.
Au chapitre du dialogue politique, le sénat belge propose à son gouvernement, notamment, « d’appeler les membres de l’East African Community (EAC) dont le Burundi est partie (depuis le 1er juillet 2009) à proposer une médiation afin de relancer un appel au dialogue politique inter burundais. Garantir la permanence de l’ancienne commission du suivi sur la mise en ouvre des accords d’Arusha, en vue d’un approfondissement de la vie démocratique sur base des expériences réalisées dans plusieurs domaines concrets, ou tendre vers la réalisation d’un accord “Arusha 2″, pourrait participer à la réhabilitation de tout dialogue politique entre les différentes composantes politiques burundaises ».
Sur le volet de la gouvernance, le sénat belge recommande au Royaume de Belgique, dans le cadre de sa politique de coopération au développement avec le Burundi, de « redéfinir et de mettre en ouvre conjointement un programme de consolidation de la gouvernance démocratique visant notamment la protection des droits de la personne, la supervision des activités des services de sécurité, la lutte contre la corruption et le développement du débat public.
Au sujet de la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle, le sénat belge recommande au Royaume de Belgique, notamment, «d’insister auprès du gouvernement burundais pour que ce dernier instaure, en vertu des accords d’Arusha de 2000 et des recommandations des consultations nationales sur les mécanismes de justice transitionnelle, une Commission vérité et réconciliation ainsi qu’un Tribunal spécial».
Ce diagnostic du sénat belge transmis au Gouvernement belge réconforte les acteurs politiques burundais de l’opposition qui, depuis plusieurs mois, ne cessaient d’alerter l’opinion tant nationale qu’internationale sur les dérapages insoutenables du pouvoir burundais et cela sur toute la ligne. «Nous sommes heureux de constater que nos cris s’entendent jusqu’au-delà de nos frontières, notamment en Belgique, et la Belgique n’est pas n’importe quel pays, vis-à-vis du Burundi, c’est l’ancienne Métropole et sa voix est bien entendue et même les autres pays restent attentifs à son appréhension de la question burundaise ».
(SurviT-Banguka