Qui paie des impôts et qui n’en paie pas au Burundi ?

Qui paie des impôts et qui n’en paie pas au Burundi ? Comment certains détournent-ils vers d’autres finalités les exonérations légales ? Alors qu’un nouveau code des impôts est en cours d’élaboration, Faustin Ndikumana, au nom de l’ONG PARCEM (Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités) livre son point de vue.

Que pouvez-vous dire de la perception des impôts?

La situation actuelle comporte bien des lacunes. Elle exerce une trop forte pression fiscale sur le secteur structuré. Peu de gens paient les taxes au Burundi, où le taux d’imposition est élevé par rapport aux autres pays de la Communauté Est-Africaine (CEA). L’impôt sur le revenu des sociétés est de 35% alors qu’il est de 30% ou de 25% chez certains de nos voisins. Par ailleurs, le minimum imposable est extrêmement bas, ce qui pénalise les gagne-petits.

A combien s’élève le manque à gagner annuel de l’impôt professionnel sur le revenu (IPR)?

A environ 3 milliards de Fbu (1,1 milliard de F CFA, soit environ 1,7 million d’euros).

Y a-t-il des secteurs non imposés alors qu’ils devaient l’être ?

Dans notre économie, plus de 67% des gens travaillent dans le secteur informel. De ce fait, ils échappent à l’impôt. Pourtant, il y a des gens qui passent aux yeux de l’opinion pour être riches et qui paraissent engranger des dividendes appréciables, mais ne paient pas d’impôt.  C’est le cas, dit-on, des agents informels de change.

Que faire pour réparer l’injustice fiscale ?

Pour commencer, il faut frapper le secteur informel et arriver à taxer les activités qu’il génère. Ensuite, il faudrait que les dignitaires et les cadres supérieurs paient des impôts en relation avec leurs revenus réels. Il n’y a pas meilleure façon de partager le fardeau fiscal avec le reste de la population.

Il faut aussi que l’OBR (Office Burundais des Recettes) établisse de façon rigoureuse l’origine des revenus et des biens de certains dignitaires, afin de permettre à ce qu’ils fassent l’objet, en cas de nécessité, d’un redressement fiscal. On peut également envisager un impôt sur la fortune.

Un examen minutieux des exonérations est indispensable, notamment pour éviter les cas de détournement insidieux des exonérations d’un secteur vers des activités plus lucratives. La Loi des finances limite à 20 milliards de Fbu l’enveloppe globale des exonérations. A l’épreuve des faits, ce chiffre caracole à 50 milliards de Fbu, soit un dépassement de 30 milliards de Fbu. Il faut, enfin, cultiver l’esprit de civisme fiscal.

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
                                                                                         UTC, Afriquinfos 


04/09/2012
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