Le Chef de l’Etat, Pierre Nkurunziza, avait promis d’évaluer ses hommes et de remercier ceux qui auront failli à leur mission. C’est précisément ce qu’il dit avoir fait ce 7 novembre lors d’un remaniement ministériel que d’aucuns considèrent comme une simple cuisine interne. D’abord parce qu’il ne concerne que les ministres issus du parti présidentiel, ensuite parce que certains ministres défaillants, même au sein du parti présidentiel, ont été reconduits. Le remaniement est traduit par le décret N°100/267 du 7 Novembre 2011 portant nomination de certains membres du Gouvernement et après évaluation du cabinet ministériel. Ainsi :

• Le Commissaire de police principal Gabriel Nizigama (jusque là directeur administratif et financier à la police nationale, il a fréquenté l’IEPS comme Pierre Nkurunziza, mais sans aller jusqu’au bout) est nommé ministre de la Sécurité publique. Il remplace le Commissaire de police, Alain Guillaume Bunyoni, à ce poste depuis 2007. Ce dernier qui vient de se faire baptiser par la femme du Chef de l’Etat (Eglise du Rocher) est pressenti pour diriger le parti et…le pays. Il est ami perso du Chef de l’Etat.
• L’ambassadeur Laurent Kavakure devient ministre des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale. Il prend la place de l’ambassadeur Augustin Nsanze. Extrémiste radical (FNL à ses premières heures), ce dernier paie ses nombreuses bourdes diplomatiques.
• Mme Clotilde Nizigama reste au gouvernement et se retrouve à la tête du Ministère des Finances et de la Planification Économique, qui hérite ainsi des attributions qu’avait jusqu’ici le Ministère en charge du Plan. Le fait de transformer le ministère du Plan en une simple direction générale prouve que le leader burundais n’a pas de vision. En principe, pas de pays prospère sans Ministère du Plan.
• M. Martin Nivyabandi, l’ancien ministre à la Présidence chargé de la Bonne Gouvernance et de la Privatisation revient aux affaires et se voit confier le ministère du Développement Communal, à la place de Jean Mupira. Originaire de Muyinga, c’est le propre neveu du président de la République. Mais c’est aussi le moins mauvais dans l’écurie CNDD-FDD.
• Me Clotilde Niragira, ancienne Ministre de la Justice devient Ministre de la Solidarité Nationale, des Droits de la Personne Humaine et du Genre, elle replace Mme Immaculée Nahayo. Cette dame a toujours été aux côtés du Chef de l’Etat dans les moments de grande décision. C’est elle qui était toujours dépêchée en Suisse pour expliquer la situation des droits de l’homme dans le pays.
• M. Pascal Barandagiye prend les rennes du ministère de la Justice en remplacement à Mme Ancilla Ntakaburimvo. Originaire de Kayanza, c’est le produit de la faculté de droit à l’université du Burundi. On le dit libre penseur. Les magistrats le jugeront à ses actes. Mais dans ce secteur, c’est le procureur de la république qui reste maître du jeu. Or, l’actuel manque cruellement d’expérience et se laisse manipuler par celui qui l’a propulsé au sommet de la magistrature.
• Le Ministre de l’Énergie et des Mines revient à l’Ir Côme Manirakiza, il remplace M. Moïse Bucumi. Peu de commentaire sur cet homme issu également du cabinet présidentiel.
• M. Moïse Bucumi devient Ministre des Transports, des Travaux publics et de l’Équipement. Il replace le Dr Ir Saïd Kibeya. Ce dernier est victime des dissensions internes qui secouent le CNDD-FDD.

Pour rappel, ce tsunami surprise aura épargné les ministres issus de l’UPRONA et du FRODEBU-Nyakuri.

Bujumbura le 8 novembre 11 (SurviT-Banguka