Le code cruel enfin dévoilé
Quid de « safisha ou nettoyer littéralement ». C’est un peu comme le triste code juin ou le mot de passe qui a marqué le génocide anti-tutsi de 1993. Depuis quelques temps, les militants du FNL d’Agathon Rwasa se font lyncher en plein jour ; sous les yeux hagards des membres de leurs familles ou d’autres proche. Cette opération de purge systématique est faite par les agents de la Documentation (police présidentielle) ou de la police national/armée nationale. La terrible stratégie sort directement du sinistre Think Tank du parti présidentiel, CNDD-FDD, plus que jamais décidé à se maintenir au pouvoir même au-delà de 2015. Comme pour toutes les autres opérations doublement commando et dramatiquement meurtrières, celle-là a un nom de code : safisha ou nettoyer littéralement. C’est volontairement livré en swahili, langue fétiche pour le Chef de l’Etat burundais, Pierre Nkurunziza. Ce dernier ne s’empêche pas de verser en swahili au même de ses fréquents bains de foule, qu’il soit à Bujumbura ou à l’intérieur du pays. Signe qu’il ne serait peut-être pas étranger à cette diabolique idée de broyer tous ceux qui tentent de lui barrer la route qui mène au trône.
Safisha. Tel est le nom de code que se passent allègrement les policiers impliqués dans ce système et les jeunes militants Imbonerakure instrumentalisés par le parti au pouvoir, CNDD-FDD. La consigne est de trousser et de descendre tout militant supposé combattre pour le FNL ou plus prosaïquement tout bandit armé qui est aussi un rebelle carburant au nom de l’ADC-Ikibiri. Plusieurs dizaines d’entre eux ont déjà péri. D’autres se savent en ligne de mire. Théoriquement, tous les hommes/femmes à abattre qui figurent sur la liste noire devraient avoir été tués avant la fin de cette année. C’est aussi l’esprit du discours du Chef de l’Etat qui aime répéter que celui qui voudra relancer la guerre, la commencera chez lui pour la terminer là même.
Mais aussi évident que le code semble être, le porte-parole du CNDD-FDD affirme n’en être pas au courant. «En réalité, il n’y a pas de zone de rencontre entre les jeunes Imbonerakure et les forces de l’ordre ; leurs missions sont différentes, c’est pourquoi ce nom de code est une invention de ceux qui veulent saboter le pouvoir et diaboliser nos forces de défense et de sécurité», explique Onésime Nduwimana. Ses propos un peu ramassés contrastent avec ceux de Pierre Chanel Ntarabaganyi, porte-parole de la Police Nationale du Burundi, qui a récemment accepté que les Imbonerakure sont appelés à travailler mains à mains avec les policiers, pour autant qu’ils ont des informations utiles à leur donner.
Bujumbura 02 septembre 11 (SurviT-Banguka)